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Ut nades qui m’0nt nui. Il a fallu reprendre le repos et la . réclusion et attendre de meilleurs temps. Impatienté de ces contrariétés, et ne pouvant plus me passer de vous , j’ai envoyé savoir ou vous étiez , dans l’intention de vous prier de venir adoucir ma captivité. · On a répondu a votre porte que vous partiez le lendemain ` de ce jour—la , a cinq heures du matin , et qu’ainsi il fal- · lait deja vous considérer comme absente. Je vais m’éIoigner aussi. Je pars demain , et je ne puis plus espérer de vous revoir que cet hivcr. Je vais essayer d’un autre air et d’une autre vie. Adieu done , et conser- vez-moi , je vous en conjure, un peu de cette amitié dont l’idée et les temoignages me sont si précieux , et que si peu de gens conservent pour ceux qui leur deviennent ` inutiles, ct qui ne peuvent plus les aimer que de loin et dans le silence. . Voici le plus joli petit Horace qui existe dans le monde entier. Bien n’est si lisible ni si peu volumineux. Vous pourrez le porter toujours avec vous et le lire ou il vous plaira. Je suis ravi de pouvoir vous l’offrir. Ce sera , si vous le voulez bien , mes étrennes de cette année et mes tubéreuses pour le 22 juillet qui approche, et dont je me souviendrai a Villeneuve. · J’ai substitué ce livret a celui dont je vous avais parlé, et qui n’aurait pas pu avoir pour vous le méme mérite. . Portez-vous toujours bien , femme aimable , femme ex- cellente , vous en qui la santé couronne tous les dons du ciel , et en permet le libre usage. Pour moi, je ne suis plus qu’une ame , un souflle, un cceur qui vit de souve- nirs , et le votre fait mes deiices.