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!i67 levard: S’il m’était possible de quitter, tous lcs jours, mon lit a pareille heure , de courir par un pareil temps, et de trouver au milieu de ma course un tel plaisir, assu- rément je vivrais mieux et plus longtemps. Maintenant soyez franc , ouvert, transparent, et mon- trez-vous tel que vous étes, pour avoir Pair géné, embar- rassé, mul d l’aise aux yeux de ceux qui peuvent le mieux vous connaitre, et qui savent le mieux jugerl Je vois avec douleur qu’il vient un temps ou l’on ne ressemble plus a ce qu’on est, et ou, pour étre apprécié , il vaut mieux employer la mémoire de nos amis que notre présence. Souveuez-vous donc de ce que j’ai été pour vous, et croyez que je serai toujours le meme, en dépit de mes dehors. J’entends plus difficilement ce qu’on me dit, je dis moius volontiers ce que je pense , parce que le parler m’eunuie , quand je suis de sang-froid , et me fatigue , quand on m’échaull`e. Je n’en pouvais plus, en arrivant l aupres de vous, et je mis ma poitriue a l’aise par mon si- lence. Vous remplites cc vide par la plus agréable con- versation. I e sortis content, ranimé , et ranimé si bien , que j’eus la force de faire, en vous quittant, deux visites de bienséance dont la seule idée m’aurait fait frémir le matin. J’allais vous écrire , au moment oi1j`ai regu votre let- tre. Elle m’a fait un grand plaisir, quoiqu’elle ait fort étonné ma paisible sécurité. J’étais loin de peuser que vous me demanderiez une explication ; mais j’avoue pour- tant que je suis tlatté de l’injuste sollicitude que je vous ai causée si innocemment. On n’a point cette susceptibi- lité pour les gens que l’on n’aime plus. Non-seulement · jc vous pardonne Garat, mais je vous dirai quclque bien de son livre. La lecture en est un peu fatigantc, a mon Digitized by Gccglc