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463 goutte. Donnez-nous son itineraire. Et vous, a quel parti etes—vous decide sur vos mouvements ou vos residences? Bentrez-vous a Paris? Irez—vous en Bourgogne? Vien- drez—vous nous voir, ou nous attendrez-vous ‘? Venez. Nous vous reverrons et nous vous recevrons avec une ex- treme joie. Attendez-vous pourtant a dix fois plus de cou- sines que vous n’en trouviez quelquefois dans nos soirees it Paris, quand vous etiez tente de fuir. Ie dois vous pre- venir en outre qu’il vaudra mieux voyager dans une quin- zaine de jours qu’a present, si les pays qui sont au—dessus de nous ressemblent at celui-ci. Figurez-vous qu’en ce moment nous ne pouvons trouver, a trois lieues a la ron- de, ni un morceau de lard ni un poulet, et jugez de la cui- sine. Mais elle va s’ameliorer. Nous faisons venir du lard de Paris, et les fermes voisines sont pleines de poules qui couvent , de sorte qu'a la fin d’octobre nous aurons des poulets de grain. Ils viendront un peu tard; mais il vaut rnieux turd que jamais. I’aime it citer les vieux proverbes , quoique madame de Genlis les ait proscrits. Ils me délassent , et lors meme que leur sens n’est pas necessaire, leurs mots naifs me sont agreables. Leur tri- vialité jette dans Ie langage familier, devenu trop sérieux, une teinte de bonhomie, et par la de variete , qui, n’en deplaise a la dame , vaut mieux qu’une elegance toujours soignée et un bon ton toujours tendu. Pardonnez-moi cette petite boulfee de digression litteraire. On peut parler de tout avec vous , et j’ecris tout ce qui me vient. Une auto- rité collet—monte s’est presentée un moment a mon ima- gination, et j’ai voulu la chilfonner en passant. Voila qui est fait. Ie reviens a notre cuisine, et par la cuisine it mon estomac, dont il faut bien vous dire un mot, car j’aime ‘ a parler aux gens que j’aime d’eux et de moi. _ Dagmzec by GOOgl€