Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/465

Cette page n’a pas encore été corrigée

457 par lc Dircctoirc, entra dans une école de Bretagne, dont il tit la fortune, pour des souliers et un habit, sans s’a- percevoir ni de l’injustice des hommes , ni de son chan- gement de situation , parce qu’il est toujours en repos , quoique toujours agite sur le sommet de ses idees; M. Mail- let qui, avec les plus hautes , mais les plus innocentes pretentious , met a ses fonctions obscures dc professeur autant d’importance que s’il n’etait qu’un sot; qui en rem- plit tous les devoirs avec la conscience ct le devouement d’un Rollin; qui exoellc a tout enseigner, et enseigne tout ce qu’on veut, depuis le rudiment jusqu’a l’arithmetique, en passant par tous les neges intermediaires, humanites, rhetorique et philosophic; M. Maillet , dont le destin est d’etre apprecie et. oublie; que l’Universite , tout en ren- dant justice a son merite academique, laisse en province, quand tant d’autres sont a Paris; que M. de Fontanes lui-meme a neglige, quoiqu’il fut tres-·determine a le servir ; que M. Dussault a quelquefois admire; qui compte un grand nombre de partisans , mais dont tout le monde . parle en souriant, excepte moi; M. Maillet qui a une am- bition que tous les lauriers du Parnasse ne couronne- -raient pas assez , et une moderation que le suifrage d’un onfant contenterait; qui donnerait tous les biens de ce monde , quoique occupe de ceux de l’autre , pour une louange, et toutes les louanges de la terre pour une des votrcs, ou pour un moment de votre bienveillance et de votre attention; M. Maillet entin, dont je vous ai parle plusieurs fois , mais dont le nom, peut-etre, vous sera nouveau , parce que la fatalite qui le poursuit, sans qu’iI s’en doute , vous aura surement rendu sourd; M. Maillet done vient d’arriver a Paris, avec une lettre de l’eveque de Montpellier pour M. Trouvé, laquellc lettre demandc