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456 ° LXXXIII. Paris , septembre 1819. A M. de Chatcaubriand. M. Maillet- Lacoste , vrai metromane en prose, et l’homme du monde le plus capable de bien ecrire, si, ne voulant pas ecrire trop bien , il pouvait quelquefois s’oc- cuper d’autre chose que de ce qu’il écrit; M. Maillet- Lacoste, qui sera jeune jusqu’a cent ans, et qui est le meilleur, le plus sense, le plus honnete, le plus incor- ruptible et le plus naif de tous les jeunes gens de wut ege , mais qui donne a sa candeur meme un air de thee.- tre , parce que sa chevelure berissee , ses attitudes et le [ son meme de sa voix , se ressentent des habitudes qu’il a prises sur le trepied ou il est sans cesse monte, quand il Q est seul, et d’oi1 il ne descend guere, quand il ne l’est pas; M. Maillet, a qui il ne manque que de la paresse, du re- leche , de la detente de tete , pour travailler admirable- ment, et qui a travaille avec autant d’eloquence que de courage, il y a vingt ans, contre la tyrannie de l’epoque, comme l’attestent des opuscules, dont je vous ai remis, il y at dix ans, un exemplaire qui vous aurait fait connaitre son merite, si vous l’aviez lu , mais que vous n’avez pas lu , parce que, occupe comme vous l’etes, vous ne lisez rien, et je crois que vous faites bien, par une prerogative qui n’appartient qu’a vous; M. Maillet , qui a perdu une assez grande fortune a Saint—Domingue, sans y prendre H garde et sans pouvoir s’en souvenir, parce qu’il etait oc- cupe d’une fable de Phedre , et que depuis il est perpe- tuellement aux prises avec une periode de Ciceron , ou i ` avec une des siennes; M. Maillet qui, mis en deportation 1

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