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454 ou une certaine acreté qui, cn sc deposant sur les levres, au moment ou elles y passent , y impriment le rechi- gnement. L’humeur aigre et l’aigreur d’esprit ont un inconve- nient plus triste; elles penetrent les dents et toute la I masse des muscles d’un agacement sardonique et bideux. · L’attitude de la bravade opposee :i1*aimii~ité , quaud ' elle est souvent repetee, Ote au col mute sa mollesse et au visage sa rondeur. Il y perd meme son profil. Contournee invinciblement par cette expression vehemente de la re- volte de l’esprit, il n’est plus possible a la face que de se montrer de trois quarts , de travers et le menton haut. Tous ccs contournements funestes ne sont pas toujours visibles; mais ils se font toujours sentir. . Pourquoi y a-t-il tant de personnes qui, d‘aiIleurs bonnes et aimables, sont lentes a se faire aimer? C’est qu’il y a quelque mauvais pli qui s’cst place dans les replis de leur ton, de leur visage , de leurs manieres, et dont la presence invisible nous rebute , on ne sait com- ment. Un mauvais pli imperceptible déplait impercepti— blement. L’air froid herisse de glacons toute une physionomie, et y laisse des plaques larges et ternes que rieu ne sau- rait effacer. L’air fier, l’air hautain, l’air superbe, ont une pointe . dc theatre et de comique dignite qui inspirent a ceux qui les voient un mouvement de parodie dont tout le monde a le talent. On les singe en les regardant, du moins au dedans de soi-meme , et malgre meme qu’on en ait. Ils gravent leur caricature au moment meme Oil ils parais- ' sent : c`est leur inevitable lot. Fuyez lcs airs impertinents. La sottisc, la petitesse Digiiizeu by Gccgle