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M7 tout arrive a bon port, et vous trouve en un état de santé et de desennui dont vous puissiez nous rendre un compte un peu satisfaisant. Ne m’épargnez pas lcs détails sur tout ce qui vous touche; j’aime e lire ces choses-la dc votre part; mais, pour la mienne, je n’aime pas a les écrire. (]ontentcz—vous de savoir que nous nous portons a notre ordinaire , et que notre plus vif désir est que vous vous portiez bien, ou passablement bien. Vous avez beaucoup trop tardé a nous donner de vos nouvelles de Londres. J e commencais a etre inquiet , quoique je m’inquiete toujours bien plus tard que les au- tres hommes. Grace au ciel, vous avez eniin une idée ` nette et iixe sur votre maladie. Je suis bien aise qu’elle ait un nom déterminé. Celui de goutte atoniquc me pa- ralt juste. Il est tout neuf a mon oreille; mais il olfre it ‘ mon esprit un sens si clair et si facile a saisir, que je lc crois vrai. Tenez-vous-y. ll est dans la nature d’étre soulagés de nos maux, quand nous leur avons donne un nom, quel qu’il puisse etre. Je ne sais pas au juste si cela est utile en soi; mais je sais que cela est fort naturel , et par consequent tres- raisonnable. Bemarquez , je vous prie, que la premiere question qu’on fait toujours, quand on voit soulirir les autres, ou qu’on soulfre soi-meme, est celle-ci: ¤ Qu’a-t-il ? —Qu’a-t-elle‘?—— Qu’ai—je donc ‘? » Dieu veuille qu’il vienne un temps ou vous puissiez dire : a Je n’ai rien. » Vous etes assez fort et assez jeune pour y prétendre , et j'ai assez bonne opinion de votre consti- tution et de la bénignité de vos bumeurs pour l’espérer. J’ai dit e M. Bernardi le peu de cas que vous faisiez de ses terreurs. Pour moi, je vous declare que votre sang- froid et vos securités m’indignent. Si vous n’avez pas a craindre ce qui se passe chez vous comme un danger, • ~ Digitized by Gccglc