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de l’ode en offrent de fréquents exemples. Il n’y en a pas moins entre elles un indissoluble lien ; elles sont unies des nœuds de la nécessité, nœuds éternels, célestes et ravissants.

Il est des vers qu’on croit rapides, et qui ne sont que remuants ; ils marquent plus le mouvement que le progrès ; ils n’ont pas d’ailes, mais des pattes, des pieds, des articulations où l’on voit la secousse. Il faut que le vers sérieux avance à grands pas, et non en piétinant. Il doit donner à la rapidité, quand il veut la peindre, la marche des dieux d’Homère : « il fait un pas, et il arrive. » dans le langage ordinaire, les mots servent à rappeler les choses ; mais quand le langage est vraiment poétique, les choses servent toujours à rappeler les mots.

Dans le style poétique, chaque mot retentit comme le son d’une lyre bien montée, et laisse toujours après lui un grand nombre d’ondulations.