Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/445

Cette page n’a pas encore été corrigée

437 l · ensuite , toutes distractions et meme toutes occupations cessantes, d’une commission que vous seul pouvez faire habilement, et dont je vais prendre la liberté de vous charger. Ecoutez bien. Je me suis longtemps, comme un autre , et aussi péni- blement, aussi douloureusement, aussi inutilement que qui que ce soit, occupé du monde politique; mais j’ai i découvert a la fin que pour conserver un pen de bon sens, un peu de justice habituelle, un peu de bonté d’ame et de droiture de jugement, il fallait en détourner entierement son attention, et le laisser aller comme il plalt a Dieu et it ses lieutenants sur la tcrre : je ne lis done plus aucun journal. J’en suis resté aux marquis du Lauret ou de Masca- rille , et , depuis cette promotion , grace aux trente·trois lieues qui me séparent de Paris, je ne sais et ne veux sa- voir aucune nouvelle de paix ou de guerre, intestine ou exterieure, entre aucun peuple ou aucun parti. J’ignore si l’on écrit sur les elections , si l’on a fait de nouveaux ministres , si Benjamin Constant est mort, ou si l’abbé de Pradt est en vie. it Je ne sais rien » , comme faisait Sancho Panca, et, comme lui, it je suis couché des vé- it pres, et je reviens des vignes. » Mais si le monde politique ne m’occupc plus du tout, le monde moral, en revanche , m'occupe heaueoup, et, dans ce moral, il y a eu un événement qui est l'objet dc mes rellexious, le jour, la nuit , eta toute heure , événe- ment qui s’est passe dans votre pays : c’est Yassassinat de riisiiies. Voila, certes, un crime bien conditionné, un crime · tout entier, avec toutes ses dimensions et toutes ses dif- formités; uu crime horrible, et par cela meme un bean Digiiizeu by GOOg[€