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432 tout cela sera parfait, avec le temps , et pourra vous cau- " ser quelque plaisir, si le gout que vous aviez pour les vieux livres n’est pas devenu aussi changeant que votre excellent coeur l’est devenu pour moi. Il est pourtant bien singulier que vous m’ayez traité avec tant de rigueur. Vous m’aviez écrit, pour le 22 de ‘ juillet , la plus aimable lettre du monde , je l’avoue; il y avait meme dans cette lettre deux anecdotes impayables et qui me font rire encore , j`en demeure d’accord , toutes les fois que je ne suis pas trop accablé par la douleur. Je ne répondis et je ne vous remerciai que le 4 ou le 5 sep- tembre, et j’eus grand tort, je n’en disconviens pas. Mais ce tort , je l’avais eu vingt fois , et vous me l’aviez pardon- · né. Enfin ma négligence et votre indulgence étaient deux biens dont j’étais en paisible et incontestable possession, depuis treize ans , et vous avez troublé mon droit. C’est vous qui étes impardonnable. i Quatre grands mois sans m’écrire un seul mot, vous { qui écrivez deux fois par jour a tout le mondeI... Je ne m’appesantis pas sur cette rétlexion, qui me rendrait aussi intraitable que vous l’avez été; je veux mettre les bons . procédés de mon coté. Je commence done , comme si de rien n’était, par mes · vuzux de bonne année. Il pourra méme m’arriver de pas- ser a votre porte, au premier beau jour dont je pourrai proliter. Je ne serai pas regu, mais je Iaisserai mon billet. [ Entin , pour n’avoir rien a me reprocher , si je deviens ” ` tres—malade , je vous prierai de venir me voir in articulo mortis. En attendant, je me souviendrai de vous toute ma vie, méme pendant l’éternité , si Dieu me le permet, comme 4 dit La Harpe, dont je n’ai jamais aimé que ce mot, ct a p Digitized by Gccgle a