Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/438

Cette page n’a pas encore été corrigée

430 j’ai pu vous ouhlier. Mes negligences sont grandes , sont , longues, et deviendraient impardonnables, si elles subsi- staient plus longtemps. J’y mets un terme, et, pour apai- ser mes remords, je fais l’aveu de mon iniquite. Le temps est bien choisi, puisque nous sommes en careme; le jour encore mieux, puisque c'est aujourd’hui ma fete. Je me donne un bouquet, en me reconciliant ainsi avec moi- meme. Si vous avez, pour votre part, quelque petit re- U proche a vous faire , je vous permets de vous reconcilier ` avec vous. Toutes mes incommodites accoutumees, dans cette vi- laine saison , sont revenues. Il faut bien vous le dire , _ pour etre juste dans mon humilite. Tout n’est pas negli- gence en moi, et mes negligences , meme les plus lege- res , ont pour principe d’invincibles necessités. Je lis un ancien livre latin, d’un cardinal Paleotti, qui dit et vent prouver que rien ne rend l’homme si heureux n que de vieillir, que d’etre iniirme, etc. Je veux encore embrasser ce systeme , et j’entrevois deja qu’il est aussi incontestable que beaucoup d'opinions qui dominent en ce moment, et asservissent des esprits fort senses. Le bon cardinal, au surplus , n’assigne aucune epoque a ce qu’on appelle vieillesse, et pretend qu’elle commence justement et exclusivement au temps ou l’on se courbe, ou l’on maigrit, ou l’on tend au dessechement, etc. Je suis bien aise de vous le dire et de le savoir; il est évi—· dent, a ce compte , que vous ne vieillirez jamais. M. Cornisset-Desprez a un leger service a vous de- mander. Je l’ai fort exhorte a etre hardi, et a s’adresser a vous en toute confiance. C’est un homme excellent, que j’ai deja charge de m’excuser aupres de vous, et dont je vous prie d’accueillir, avec toute votre honte natu- Dagmzed by GOOgl€