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la tendresse toute pure vous endort ct vous embarrasse. J’irai donc braver en personne , aussitet que je le pourrai , l’indulgence que vous m’oli`rez , et dont je declare que je n’ai pas besoin; j’irai alfronter vos bontes , que je reconnais franchement pour le plus terrible des dangers, quand on veut etre mecontent. Je prendrai vos cajoleries pour de l’hospitalité, et toutes les greces de votre accueil pour nn bienfait dont le voyage me rendra quitte.

Enfin , je me tirerai de ce détroit périlleux comme je pourrai. Je veux bien vous aimer toujours , mais non pas me réconcilier. Fidèle et constant malgré moi, ce dont j’enrage, je resterai boudeur et sourd par projet, par calcul, par honneur, et pour servir de temps en temps à vos menus plaisirs.

Regardons-nous donc désormais, si vous voulez bien y consentir, comme des amis éternels, mais éternellement brouillés.

LXXIV.

Paris, 18 mars 1816.

A madame de Vintimille.

Avez-vous le temps de penser à moi quelquefois, au milieu de votre tourbillon politico-logique ? Pour moi qui, grâce au ciel, ne lis que la moitié d’un seul journal, qui vois peu de gens, et qui me boucbe les oreilles quand on parle du ministère ou des deux chambres, j’ai gardé ma tête assez libre. Je m’y promene quand je veux, et je vous y trouve partout, dans les plus agréables de ces recoins que j’aime à parcourir plus que les autres, et où sont placés les souvenirs.

Je me reproche cepcndant de vous exposer à croire que