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i ` H0 blanchi, éclairé, désaltéré, alimenté, rasé et porté; ]’a— jouterai méme , médicamenté. ‘ J’ai deux grandes autorités pour étayer aupres de vous mon assertion. 4** Celle de Voltaire , homme qui savait aussi bien compter que bien écrire, et qui vous amuse toujours, au 1 point de vous subjuguer. Vous savez qu’il promettait, i textuellement et en toutes lettres, ces avantages au moin- 1 dre précepteur et au plus mince secrétaire , quand il en appelait quelqu’un de Paris a Cirey, soit pour lui , soit pour ses amis; 2** Celle d’un honnéte rhémois qui ne fut jamais soup- , gonné d’aucune prodigalité. Ne vous souvient-il pas que le prudent et riche pere de ce pauvre Flins, qui serait as- sis parmi nous , s’il avait pu vivre son age , et qui n’y consumerait pas , comme moi, en sollicitudes pour les besoins d’autrui, son embonpoint et ses éclatantes cou- leurs, écrivait sans cesse a son fils : ii Mon fils, mon tils,

  • ii il faut que métier nourrisse homme » ‘?

Qu’0n dise tout ce qu’on voudra, qu’on fasse comme on l’entendra; mais il n’y aura jamais ni honneur, ni bonheur, ni succes constants dans l’Université , taut que la plupart de ses suppots y seront exposes a loger en ho- ‘ tel garni, a vivre a la gargote , a voyager un baton a la main, eta se faire soigner, en cas de maladie, a l’hopital. Et cependant, proh dolor ot proh pudor! c’est ce que nous voyons tous les joursl . Eh quoil lorsqu’un gras consciller, comme M. Noel ou _ M. Bendu , ou un leste et pimpant inspecteur, comme M. Gueneau ou comme moi, partent en poste pour quel- que expedition brillante, ils sont payés au poids de l’or; leur traitement demeure intact, et méme leur épargne ,