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M 6 connaissons pas les décrets du ciel, et a qui le ciel a donné d’autres lumieres pour juger et pour nous conduire, n’avons—nous pas la de quoi nous étonner? Songez que ce pauvre gargon a été votre confident , le confident de votre muse; qu’il a été votre disciple , disciple de vos conseils, disciple de votre exemple. ll a voulu vous imi- ter : est-ce donc la ce qui vous a faché? ll vous a imité mieux que tout autre : cela devait vous apaiser. Apres vous et l’abbé Delille, et en comptant les morts et les vi- vants, c’est l’homme de son age et d’un age inférieur au sien, qui écrit le mieux en vers , et qui a la plus savante et la plus saine littérature. Voila entre vous un lien de plus. Un mot peu rétlécbi et peu convenable peut-étre , . mais oertainement innocent et qu’il a cru honorable, est sorti de sa bouche, un certain soir. 0 poéte, avez-vous pu vous en souvenir si longtemps, et deviez-vous vous en of- fenser? Tantw nc animis cwlcstibus irw! I Enlin Chénedollé est, par nature, votre admirateur; il le sera toujours , et malgré vous et malgré lui , jusqu’au fond de ses moelles et de ses veines. C’est donc un client que Dieu et la nature vous out donné , et vous devez étre son patron. Ahl monsieur le grand-maitre , retenez bien deux vérités : la premiere , et je vous l’ai dite souvent , c’est qu’avec une certaine mesure d’esprit et de talent, on n’a pour véritables amis que ses admirateurs , parcc _ que la moitié de nous-meme est restée étrangere ou in- connue aux autres hommes; la seconde, c’est qu’on n’est parfaitement gouté et apprécié que par les hommes de ” son age et les hommes de son métier. ` Adieu, je vais me baigner quoique enrhumé. Je n’irai point au conseil. ` I Digiiizeo by GOOgl€ I