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409 manquerez ainsi l’un et l’autre, du moins pendant quel- que temps , aux besoins de l’Université. ll lui faut des hommes comme vous, des hommes gra- ves et lettres, et, ainsi que je le dis souvent, des mora- listes passionnés , qui soient de chauds amis de l’ordre , de chauds ennemis du desordre , dans les ecoles et dans le monde, dans les lettres et dans les moeurs. Je vous at- tendrai toujours impatiemment a la place on je vous dé- sire , et on vous n'etes pas encore. J’ai regu vos lettres et j.’ai fait , en son temps, tout ce · qu’elles me recommandaient. J e n’ai manque a rien qu’a vous repondre; mais vous m’en aviez dispense. Cette in- dulgence meme excite mes rcmords , et c’est pour apai- ser le ver rongeur, qu’avant de vous voir, je veux vous demander pardon. Pardonnez-moi donc , aimez-nous et soyez toujours pour nous, comme pour le reste du mon- de , le doux et ardent Clausel , dont je suis persuade que les avis vaudront toujours mieux que les lois. Nous esperions partir lundi. Mais d’horribles douleurs de dents n’ont pas permis encore a ma femme de s’occu- · per de sos paquets, et un rhume qui m’a saisi et que je voudrais digerer, me tient clone depuis trois jours au coin du fen. C’est la qu’on place le bonheur, et cependant je m’y ennuie, parce qu’il me tarde de voir mes amis, et sur- tout les deux chats de la Vallee au Loup, dont nous n’a- vons point de nouvelles, quoique nous leur ayons écrit. Il me tarde aussi de voir mes collegues et d’applaudir a leurs travaux. Quant a mon poste, j’y suis toujours, et ` j’y suis ici plus qu’ailleurs. Portez-vous bien et venez nous voir souvent , quand ` nous aurons réchauifé notre foyer. Adieu, adicu. Digiiized by Gccgle