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d‘ennuis , et m’ont paru merveilleuses : je veux vous en féliciter. Je vous le dis sincerement et dans le style populaire qui sied si bien a la franchise : Monscigneur, vous étcs bien heureua: dc m’avoi1· I

Je fais mon devoir a merveille, et je sais vous en amuser; je me joue avec votre hermine, j’égaie votre royauté. Vous avez suhjugué tout le monde autour de vous, excepté moi. Toutes les opinions se taisent devant la votre, excepté la mienne.

Je vous dis tout ce que je pense , et je pense avec vous ce que je veux.

Sans moi, vous n’auriez pas dans votre empire un sujet qui osat toujours vous dire la vérite pure. Sans moi, il n’y aurait pas dans votre cour un homme libre, ou qui du moins , vu l’intimité et la familiarité invétérées , put, comme moi, sans ollenser les bienséances , le paraitre hautement et puhliquement.

Sans moi, vous ne connaltriez pas , hors de votre famille , les délices de la contradiction ; sans moi, rien ne rappellerait jamais a votre souvenir l’ancienne et douce égalité.

Et remarquez ceci , Monseigneur : celui qui sait rire avec vous de ses occupations et des votres est un homme grave et meme austere; celui qui se joue avec vos dignités est l’homme qui attache le plus d’importance a votre rang, a vos fonctions, et qui les respecte le plus dans sou esprit et dans son cmur; enfin l’homme qui vous contredit le plus souvent est celui qui a pour vous, en secret, le faible le plus décidé; l’homme qui vous est le moins asservi, est aussi celui qui vous est le plus dévoué.

Vous n’avez jamais obtenu et vous n’obtiendrez jamais de moi tous les jours une aveugle approbation ; mais vous