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des pensées qui laissent voir son âme, et une âme où tout se peint distinctement. Il a un esprit plein d’images très-claires, tandis que le nôtre n’est rempli que de signalements confus.

Les poëtes sont plus inspirés par les images que par la présence même des objets.

Pour être bon et pour être oëte, il faut vêtir d’abord ce qu’on regarde, et ne rien voir tout nu. Il faut au moins mettre sa bienveillance et une certaine aménité entre tous les objets et soi.

Les autres écrivains placent leurs pensées devant notre attention ; les poëtes gravent les leurs dans notre souvenir. Ils ont un langage souverainement ami de la mémoire, moins encore par son mécanisme que par sa spiritualité.

Il sort des figures de leurs mots, et des images des choses qu’ils ont touchées.

Il ne faut pas seulement qu’il y ait dans un