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39l · nistre, une aversion. Mais, par compensation, ce dernier veut qu’on enseigne, dans les plus petites ecoles , ou du moins dans quelques—unes, ii outre l’art d’ecrire, de lire ii et de compter, les langues hollaudaise et franqaise, le ii chant, les elements des mathematiques, de la physique, ii de l’art de raisonner, de la geographic, de l’histoire, et << d’autres articles encore. ii Il ne dit pas si les petites lilles, qui ont aussi des fa- cultes intellectuelles, ii apprendront les elements de la lo- << gique »; cela est probable, dans un siecle ou l’on croit que le raisonnement est la raison. Que le ciel preserve les autres enfants (enfants du peu- _ ple, car c’est d’eux qu’il s'agit ici) d’etre propres a ap- prendre tout ce que le ministre vent qu’on leur enseigne! Ils ne seraient plus capablcs de travailler. La force de l’homme, si elle se porte is son cerveau, quitte ses mains. Quiconque est propre a donner une attention extreme et soutenue it ce qui est abstrait, devient impropre a ce qui I est machinal. La nature a pourvu aux travaux necessai— res it la vie, en ne donnant a la plupart des hommes que des cerveaux qui ne font rien. Les inspecteurs sont charges, dans le projet, d’intro— duire et de perfectionner des methodes nouvelles. C’est une mauvaise attribution. Tout ce qu’on peut en elfet pro- ° poser, it cet egard, tendra toujours a rendre l’art d’ap- prendre moins mécaniquc; et c’est precisement ce carac- tere , qu’il a regu d’abord par la force de l’instinct et de la necessite, qui le rend plus populaire, c’estra—dire, plus ` convenable a la multitude, qui est incapable de combiner, surtout lorsque cette multitude est composee d’enfants. La mission donnee aux inspecteurs ouvre, en outre, a l fureur d’inventer, un million de portes qu’il faudrait Digiiizec by Gccgle L