LVI.
Villeneuve-sur—Yonne , novembre 1807.
A madame de Guitaut , d Epoisses.
Madame , on m’a remis a mon réveil , le *20 novembre , deux lettres et de vieux journaux.
La premiere lettre , qui etait de mon frere, nous ap- prenait que M. Gueneau de Mussy quittait Paris. J’en suis faché pour moi qui n’aurai plus personne a qui parler de son pays; mais je m’en console pour lui , puisqu’il vivra votre voisin.
La seconde lettre, Madame, était la votre. Le timbre en était efface; mais, au premier coup d’oeil, j’en ai reconnu l’ecriture, et j’en ai baise l’enveloppe. La surprise que me causait cette faveur inespérée, et les bontés dont cette lettre était remplie , autorisaient un tel transport.
Les journaux qui etaient retardés annoncaient que M. Mole était deiinitivement nommé préfet de votre Côte-d’Or, ce qui m’a fait un grand plaisir.
M. Mole est un jeune Francais d’une probite patricienne , d’une gravité consulaire et d’une figure romaine. Il a l’air froid; mais son esprit est tres-ardent, et il a le cmur excellent. Je le connais beaucoup; il connait M. de Mussy; il a vu M. Frisell , qu’il se sent dispose it estimer infiniment. Ainsi , Madame, vous serez bien rc- commandée; vous l’etes meme deja.
J’ai écrit avant-hier a ce nouveau duc de Bourgogne, pour lui offrir ma protection dans les lieux ou il va régner, et pour lui demander la sienne pour Epoisses et pour Bourbilly. J’ai dit ce qu’il fallait de vous et de votre maison. J’ai meme fait quelque mention du portrait de