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I 382 l mais vous m’entendez bien. Si la doctrine moderne des ‘ ’ contrastes est vraie , ces deux fem mes étaient nées pour s’aimer, quand el les n’auraient pas été cousines. J’ai vu aussi ce cbarmant Bourbilly. Mais , pour ce- lui-la, je n’en parlérai qu’aux amis constants, a ceux dont l’amitié est a toute épreuve. J’éviterai d’én faire mention et méme de le nommer en votre presence. i Je n’ai pu désarmer Sabathier mon rival; ·· il est clair que vous m’avez sacrifié aux calomnies de votre vilain portier; ce qui redouble le désir que j’avais de le tuer, et assurément je m’en passerai la fantaisie. , Malgré cette humeur homicide qui me domine , je sens encore pour vous , au fond de mon cmur, une tendresse molle que je puise tout entiere dans le passé, car, en ve- rité , le présent est abominable. Je vous livre a vos re- mords, et je me renferme dans ma vertu, comme un limacon maltraité se renferme dans sa coquille. I Je porterai bientot avec moi , a Paris , ce fragile rem- part , et du fond de mon trou , je demanderai aux pas: sants de vos nouvelles. Adieu ,—Madame. Il m’en codte de prendre ce ton avec vous; mais il le faut : la justice le veut; l’honneur l’or-— _ donne. J’obéis, et je vous redis le plus tragiqnement qu’il m’est possible, en admirateur désespéré et furieux : Adieu, Madame. P. S. Je m’apercois que mon papier a bu mes injures : apparemment on l’a pris chez votre marchand. J ’en suis faché, car je voudrais que mes ressentiments pussent se lire d’une lieue, et que vous n’en perdissiez rien. Je suis outré. Digiiized by Gccgle