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381 LV. Villeueuve·sur-Yonne , M novembre 1807. A madame dc Vintimille , d Paris. Vous avez dédaigné mon innocence , et le ciel vous en punira. J’ai fait le tour du monde. J’ai vu le chateau de Bussy ou sont les portraits de toutes les femmes spirituelles et belles de la cour de Louis XIV. Mourez de hontel au milieu de ces curiosités , mon premier et unique mouvement a été de m’écrier : ¤ Ah l ¤ oin est madame de Vintimille? ii Tespérais trouver ici, a mon retour, une lettre de vous, et j’avais dans ma téte, pour y répondre, une demi—dou- zaiue de relations qui vous auraient fait plaisir; mais je n’ai rien regu et vous ne saurez rien. J e veux vous dire seulement que le portrait que nous avons vu ensemble autrefois , chez madame de Muy, est oelui de madame de Grignan. Celui qui est a Bussy n’est pas aussi bien peint , mais il a plus de feu et de vie; on y retrouve davantage , pour ainsi dire , une nature qui a été prise sur le fait. Figurez-vous , une bonne fois pour toutes , que ma- dame de Grignan avait le visage de l’esprit de sa mere , et que madame de Sévigné avait le visage de l’esprit de madame de Lafayette , une mine longue et posée , mais sage et tendre; en sorte que ce qu’il y avait de piquant , dans l’esprit de madame de Grignan , lui venait de ses traits , et que ce qu’il y avait de piquant , dans l’esprit de madame de Sévigné , lui venait de ses pensées. Je m’embrouille un peu et j’embrouille mon écriture , Digiiized by GOOgl€