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La nature bien ordonnée, contemplée par l’homme bien ordonné, est la base, le fondement, l’essence du beau poétique.

C’est surtout dans la spiritualité des idées que consiste la poésie.

Rien de ce qui ne transporte pas n’est poésie.

La lyre est, en quelque manière, un instrument ailé.

Il faut que le poëte soit, non-seulement le Phidias et le Dédale de ses vers, mais aussi le Prométhée, et qu’avec la figure et le mouvement, il leur donne l’âme et la vie.

La haute poésie est chaste et pieuse par essence, disons même, par position ; car sa place naturelle la tient élevée au-dessus de la terre, et la rend voisine du ciel. De là, comme les esprits immortels, elle voit les âmes, les pensées, et peu les corps.