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363 manda aussi, s’il ne revenait pas, d’aller chercher en An- gleterre des papiers qu’il y laissa dans ses mauvais jours, etM. Mole le lui promit. Si vous me demandez de quelle humeur il était dominé, lorsqu’il faisait ces prudentes et lugubres dispositions, je vous répondrai que quelques—uus disent qu’il était triste , mais que j’assure qu’il était gai. Il passa plus d’une heure avec moi, et nous rimes comme des fous. Fontanes cau- tionne aussi sa bonne humeur. Rentré chez lui, il se trouva du temps de reste, et, pour se désennuyer par quelque fantaisie, il se fit apporter des armes ; j’entends des armes a acheter, des pistolets , des · carabines, des espingolcs. Je nomme ces dernieres sur la foi de la relation qu’ou m’a faite, car je ne sais pas ce que c’est. J e n’avais jamais lu ou entendu ce mot depuis Louvet. L’ennui était grand , apparemment, et la fantaisie fut forte. Il prit heaucoup de cette menue artillerie; M. de Clausel, homme digne de foi , m’a protesté qu’il lui en avait vu payer pour huit cents francs. Je suppose qu’il lui vint en téte d’équiper quelque pe- tit batiment a ses dépens, si, en arrivant a Trieste, il ne trouvait pas la navigation libre, et qu’il prit ces précau- tions pour s’assurer le voyage d’Athenes a main armée, s’il ne pouvait pas le faire autrement. · Quoi qu’il en soit, il eut besoin sans doute de heaucoup d’adresse pour distribuer ce surcroit d’équipage dans sa voiture déja pleine , et surtout pour l’y cacher aux yeux tres-pénétrants de madame de Chateauhriand, qui lui avait déclaré l’avant-veille , en ma présence, qu’en voyage << elle aimeraitmieux voir un brigand qu’un pistolet. » · Tous ces arrangements finis, les chevaux arriverent, et on partit. Il avait pour voiture une grosse, grande et belle Dagmzou by Gccgle