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358 blanc. J’exige seulement que la qualite et la couleur, une fois décidees, ne se dementent pas jusqu’a la fin. Qu’il y ait espece , caractere , continuite , unite , raison d’exi- stence , tout alors me parait naturel et digne d’atten- tion. Le style donc de M. Crevier ne m’a jamais choque en rien. On n’y prend pas garde , a moins d’en avoir le . projet , tant on est occupe et frappe de ce qu’il montre. Mais M. Crevier ecrivit contre les opinions de M. de Mon- i _ tesquieu; il a fait une histoire de l’Universite, qui peut- I etre ne vaut pas les autres : je ne la connais pas; on l’ap- pela le lourd Crcvier : i Le lourd Crevier crut remplacer Rollin , disait Voltaire; et, sur cette autorité , ou par une com- : binaison de contrastes , il a plu a votre jeune homme de I le sacriiier a la prevention, avec une injustice dont je suis vraiment outre. Il a meme applique a son caractere , I avec une revoltante etourderie, ce qu’on avait dit jus- I qu’ici de ses ecrits. Il en fait un homme dur, parce qu’ap- paremment il ne tresscillait pas avec les meres , et ne triomphait pas avec les ecoliers. Il va meme jusqu’a sou- tenir qu’il n’etait pas aimable, ce qui est grave dans un ouvrage de morale. Exiger, avec le siecle , que la vertn (Crevier en ent) soit riante , soit caressaute, soit moel- leuse; faire de l’amabilite une des conditions du merite d’un professeur, et de l’approbation qui lui est due, c’est flatter les depravations de son temps, c’est avoir pour les preventions une condescendance coupable, c’est corrom- pre les poids et les mesures. Ma derniere lettre a fort bien pu etre tiede , et meme tres-maussade : je l’ecrivais a contre-cozur et a contre- emps. Celle-ci, probablement, ne sera pas chaude non Digiiizoc by Gccgle