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· 354 corps, en visage. Fiévée et Delalot m’y servent a modeler " mes sentiments de déplaisance. J’apprends a Delalot, par tous les vers qu‘il aime, et _ par tous ceux qu’i| n’aime pas (vous savez qu’il aime les siens), qu’il s’entend peu, ou méme ne s’entend point en poésie. Ceci est bon, tres-bon du moins pour moi, qui suis parvenu a déterminer et fixer, a mes yeux, les ca- racteres de la poésie et de la versification, de maniere a pouvoir, au premier mot, distinguer Lucain de Virgile, et a savoir pourquoi les vers de Voltaire , d’Esménard et de quelques autres, ne sont pas de bons vers, de vérita- * bles vers. Il me semble que je sais tres·bien maintenant ce que c’est que la poésie, le poete et la versification : , architecture de mats. I Ie lui prouve, en outre, qu’il n’obse1·ve pas les lois de la critique : accusation grave , comme vous sentez; car c’est l’accuser la de prévarication , puisque la critique est pour lui un ministere, une sorte de sacerdoce auquel . il s’est promu. Mes lois de la critique sont aussi une bonne, .quoique plaisante chose; mais je fais plus de cas de mes caracteres de la poésie. Cela ne sera pas entierement perdu. J’aime mieux Fiévée que son compagnon; d’abord il a souvent plus de bon sens : L Le bon sens du mamud quetquetois m’épouvante; ensuite il se fait juger plus nettement; ses défauts sont plus claire. Il est borgne; (n’a-t-il pas l’air, en elfet, d’un K spadassin qui a un emplatre d’un coté , pour avoir recu quelque mauvais coup dans un duel?) mais c’est un hardi I borgne et qui voit bien de son bon oeil. Delalot montre un esprit louche , meme quand il voit droit. Dieu le bénisse et le corrige! car c’est un insupportable mérite que le I I I - I Digiiized by Gccgle `