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_ 353 ‘ nuits, qui change tous les jours, est un secret qui n’est connu que de vous et de moi. XLVII. _ Vil1eneuve—sur-Yonne , 10 mars 1805. A M. Mole , A Paris. Je vous attends, venez; mais prenez vos aises et vos commodites. Je serais fache de ne pas vous voir ici, avant que d’en partir, et plus fache encore , si vous y veniez avec la moindre repugnance. Je sais, par experience, ce que c’est qu’une feuille de rose qui c’est pliée en deux , dans tout ce qui tient au coeur et a l’imagination. Vous menerez pres de nous une vie toute bourgeoise; c’est la vie du genre humain pris entre ses extrémites. Dites-vous bien que vous ne verrez personne de la matinee, excepte moi, a midi ou une heure, et faites provision de quelque occupation, pour vous désennuyer, quand vous serez seul _ dans votre appartement. Je ne sais pas trop si vous me trouverez bonne compagnie. Je m’occupe de choses it dire, . apres m’etre tant occupé de choses a penser. Il pourra se faire que, malgre moi, je n’aie pas a vous offrir une tete bien libre; mais je ferai de mon mieux. Vous ne m’avez rien dit du gras et du malgre; cela ce- pendant est important, pour que notre hospitalite prenne d’avanoe‘ son parti sur la mauvaise chere que vous aurez ici, dans le careme, in utroque. Ce qui m’occupe est peu important. Je vous en parle- rai. Ce sont des caracteres ou caricatures litteraires, mais en grand , c’est-a—dire, les defauts des ecrivains vus et ‘ montrés dans leur esprit, et leur esprit mis en relief, en ri. · , 23 - Digiiized by Gccglc