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4 352 ¤ flexion en etlt approuve la pensee et l’expression. Si l’on ne pouvait avoir avec ses amis, impunement, sans reddi- tion de compte et sans responsabilite, la liberte des juge— ments d’bumeur, des jugements de verve, des jugements meme de caprice , le commerce epistolaire ou la conver- sation auraientles fatigues et les epines d’ une continuelle argumentation. Je suis bien loin de lire des in—folios. Je voudrais fort ` en avoir, mais seulement pour les ouvrir. Cependant, si j’en avais le temps, je prendrais avec raison leur parti contre vous, ainsi que celui du P.`Andre, qui est fort eloi· E gne de meriter tant de dedain. La lecture de tous lcs livres un peu bons fait souvent penser a beaucoup d’excellentes choses qui, sans eux, ne se seraient pas presentees dans le cours de nos rétlexions; Elle apprend aussi une grande verite, c’est qu’il y a, dans beaucoup de livres oublies sans retour, un merite et des pensees dont nous ferions le plus grand cas dans nos - contemporains. Si la raison , le bon esprit, et meme le bon style, sufiisaient pour faire vivre les livres, combien, qui sont obscurs , seraient fameuxl Mais, pour durer, il faut etre excellent et beau. ` Il n’est pas inutile, non plus, d’observer ce que les sie- cles precedents- ont aime ou dedaigné, dans les livres que le temps a abolis. Eniin, il en est ou le beau et l’excellent se trouvent, jusqu’a un certain point, et que les gens d’un gotlt independant de la mode , doivent tenir entre leurs mains. · Je bavarde; bonjour. P. S. Ne parlez ni ai Chateaubriand, ni a mon frere, si vous le voyez, ni a personne au monde de mes intentions de partir avant le temps. Cette disposition de toutes les . Digiiized by Gccgle