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345 avez tant de preventions. J’espere qu’en arrivant vous me trouverez mieux. Preparez—moi tous vos conseils; jc les ecouterai avec attention , je les suivrai tant que je pourrai , et je vous fournirai volontiers l’occasion de vous eclairer vous··meme par mes experiences. Vous savez iqu’en toute occasion , je desirerais beaucoup servir de o ‘ quelque chose au bon usage que vous faites de votre es- prit. Je n’ai point evite d’entrer avec vous en examcn sur mon etat et mon regime. Seulement , je n’aurais pas mis W sans provocation cette matiere sur le tapis , parce que je l la croyais peu propre a vous occupcr avec utilite , ou pour vous ou pour moi. Puisqu’il en est autrement , je suis fort a votre service. Je n’ai pas trouve dans la vie de meilleur eonseiller que vous , et je vous prendrai vo- lontiers pour mon medecin consultant. J ’aime beaucoup qu’on me parle de soi , ou qu’on me parle de moi, soit pour la santé , soit pour toute autrc chose , quand on m’en parle du coeur. _ Cbateaubriand, que je vois la moitie de la journee, me fait peu compagnie; mais ee n’est pas sa faute; c’est celle de ma lethargic. Je serai fort aise que vous le voyiez iei , pour juger de quelle incomparable bonte , de quelle parfaite innocence , de quelle simplicite de vie et de moeurs , et , au milieu de tout cela , de quelle inepuisa- ble Qgaite , de quelle paix , de quel bonbeur il est ca- pable, quand il n’est soumis qu’aux influences des sai- sons, et rcmue que par lui-meme. Sa femme et lui me paraissent ici dans leur veritable element. Quant a lui, sa vie est pour moi un spectacle, un sujet de contemplation; elle m’oli`re vraiment un modele , et je vous assure qu’il ne s’en doute pas; s’il voulait bien faire , il ne ferait pas si bien. Le pauvre garqon a perdu, depuis buit jours, sa Dagmzeo by Gccglc