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3M lioz. Je me permettraiseulement de vous faire, a cc su- jet, quelques observations. . l· Il faut donner au mal et an-x méchants le moins d’empire qu’il est possible sur ses contentements. 2° Il est peu juste de punir ceux qui ne ressemblent pas exactement au portrait que nous nous en étions fait, a moins qu’ils n’aient pris un masque, dans le desseiu bien prémédité de nous tromper. 3° La vie est un ouvrage a faire , ou il faut , le moins qu’on peut, raturer les affections temlres. 4** Il faut mettre, dans —ses· actions et ses jugements , beaucoup de force et de droiture, et, dans ses sentiments, beaucoup d’indulgenoe et de bonté, pour `que l’ouvrage de la vie soit beau. 5· Tachons de donner fan bien les plus beaux noms, et an mal les noms_ les plus doux, toutes les fois que nous voulons apprécier les traitements que nous out faits les bommes, car on s’apaise ainsi soi-meme. Souvenons-nous de Fénelon, lorsquiil dit, en parlant des batards de La- cédémone : ii Nés de femmes qui avaient oublié leurs ¤.maris absents, pendant la guerre de Troie. » Je cberche a vous consoler, comme vous pouvez l’étre, avec un caractere tel. que le votre , en vous élevant a votre hauteur naturelle; cela soulage. Tout le reste met Fame dans une fausse position qui la tourmente. Il y a cependant ici une vérité de fait a reconnaltre : c’est que l’humeur exhalée purge les passions. Vous voulez tout concentrer et ne pas vous plaindre ;- · vous avez tort. Ce role , qui paralt plus beau , est beau- . coup moins sage. La plainte est un soulagement naturel, . dont il ne faut faire le sacrifice qu’a la grandeur d’&me proprement dite , et a la prudence véritable.