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‘ 325 lbndes lectures. Tout mon esprit m’est revenu; il me donne de grands plaisirs; mais une rellexion desespe— rante les corrompt : je ne vous ai plus, et surement je ne . vous aurai de longtemps A ma portee pour entendre ce que je pense. lie plaisir que j’avais autrefois A parler est · entierement perdu pour moi. Je fais vmu de silence. Je neste ici- l’hiver. Ma vie intime va tout entiere se passer entre le ciel et moi. Moname couservera ses habitudes , mais j’en- ai-pcrdu les delices. Vous me recommandez-de vous. aimer toujours. Helasl _ puis-je faire autrement, quelle que voussoyez, et quoi que ce soit que vous vouliez? Il y avait entre nous une 1 sympathie A laquelle vous avez quelquefois oppose bien f des obstacles et des contradictions. Mais, quand mes sen- I timents sont forts et bien fondes , rien ne peut les chan- “ ger, les alfaiblir ni les suqiendre. Personne ne m’a ja- mais rempli d’un plus solnde et plus lidele attacbemcnt q�B VOIIS; · Je vais ecrire un mot A notre pauvre ami. Je lui dois depuis longtemps une reponse dont je ne puis que le payer bien mal, avec un cieur serre. Il a des peines, je lc sais ; au nom de toutes choses, adoucissez-les par votre pre- · sence, mais n’allez pas. les partager; vous ne feriez que les. doubler et rendre ses cbagrins irremediables par le mal que vous vous feriez. Nous parlons sans cesse de vous, dans tous les coins de la maison, mon frere, madame Joubert et moi. Je ne leur dis pas A eux—memes la moitie de ce que je soulfre , et nous n’av0ns encore parle A personne dc ce quartier d’hi- ver qui nous desole. Vous mettez cette amitie que nous avons pour vous, et qui pourrait vous faire un peu de plai- sir, A une epreuve bien rude, en nous reduisant , par le • Digiiizod by Gccglc