tre véritable sujet. Beaucoup de pensées ne se tiennent entre elles que parce qu’elles tiennent ensemble A nous. Démelez, divisez, séparez ce que vous avez dans la téte , pour ne mettre dans votre livre que ce qui est inséparablement lié A sa matiere. En un mot, coupez le cordon.
J’ajoute pourtant A tous ces beaux conseils que s’il vous est bon de circonscrire votre plan, le plus que vous pour- rez, il vous est encore meilleur de laisser votre esprit agir en liberté. J ’aime les petits livres; mais quand on commence surtout , il est peut-étre profitable qu’un livre court soit extrait d’un long manuscrit. Si vous étiez porté A la ditfusion, je vous recommanderais d’épargner le papier; mais, grAce au ciel , vous avez naturellement |’amour d’une concision nette et élégante. Laissez donc faire A votre esprit et Avotre plume ce qu’ils voudront : ce qu’il y aura de trop sera aisément retranché.
Je vous dirai le reste une autre fois.
XXXVIII.
Villeneuve-sur·Yonne, 12 octobre 1805.
A madame de Beaumont, d Rome.
Si je ne vous ai pas écrit, c’est de chagrin.
Votre depart, dans les fatigues dont vous sortiez , et votre immense éloignement m`ont accablé.
Je ne crois pas avoir éprouvé un sentiment plus triste que celui dont je m’abreuvais tous les matins , comme d’un déjeuner amer , en me disant A mon réveil , depuis votre derniere lettre : Elle esl mainlenant hors de France, ou elle en esl loin, etc.
En d’autres temps, en d’autres circonstances, j’aurais eu, A vous savoir et A vous imaginer en Italie, précisement