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La musique, dans les dangers, élève plus haut les pensées.

L’air périodique ne convient qu’à l’expression des sentiments où l’âme aime à circuler, pour ainsi dire, et dont elle ne peut se séparer qu’après un long détour. Toutes les émotions qu’on n’exprime que pour les exhaler, et se rendre soi-même plus calme, n’admettent l’air périodique qu’autant qu’il est court et brisé, comme l’air fameux : che faro senza euridice ?

la musique des chants de deuil semble laisser mourir les sons.

Il n’est pas toujours nécessaire, dans la musique, d’exprimer un mouvement marqué ou une émotion distincte. Le chant lui-même peut être l’objet du chant. S’il peint une âme en harmonie, un talent qui s’élève et redescend par une belle échelle de sons, une existence