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31 3 citez. Loin de la , je m’en sers positivement pour établir que , de meme que des mots ou des sons purement har- monieux sont une bonne chose, une chose a sa place, qui a son sens et sa raison, dans la musique ou dans les vers, ' de meme il y a, dans la métaphysique, de certaines idées vagues, comme les sons eux·mémes , qu’il est bon, ` qu’il est utile et nécessaire d’employer. Elles servent a ° préparer ou a_ délasser l’esprit; elles le maintiennent a sa hauteur et dans sa sphere; commodes en cela , et a l l’auteur et au lecteur, qu’elles lui font entrevoir ou lui rappellent ce qu’i| avu ou ce qu’il doit voir. Dans ce qui ‘ est solide, mémeiphysiquement, tout n’est pas solide, et cependant ce qui n`est pas solide sert souvent beaucoup, comme dans un navire de haut bord , par exemple , les voiles , les petits cordages , Ia courbure de l’avant , la largeur plate de l’arriere , etc., etc. J ’appliquais avec d’autant plus de plaisir, dans cette occasion, des idées qui ont chez moi trois ans d’age, que cela me confirmait une autre idée qui m’était venue, il y a cinq ou six ans , et qui me faisait dire : La métaphysique est une espece de poésie pour l’esprit; la dévotion en est l’ode. Il vous sera évident, par ces faits de l’histoire de mes pensées , que je me suis mal expliqué, et que vous m’a— vez mal entendu. En prétant aux paroles dont je m’étais servi, un accent d’ironie qu’elIes n’avaient pas (l’ironie est une figure que je n’ai employee de ma vie qu’en plai- santant de pure joie) , vous avez pris une apologie pour une désapprobation. Moi-meme , en lisant sur cette clef l_es passages de ma lettre que vous citez , je me suis un moment senti métamorphosé en auteur de l’Année litté- raire; il m’a semblé que j’avais quatre jambes et quatrc pieds. J’ai eu tort, puisqu’une inflexion de voix suffisait Digiiized by Gccgle