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  • Villeneuve-sur·Yonne , 9 septembre t805.

A M. dc Fontanes. Si vous avez reellement envie de passer ici quelque temps , venez hardiment , mon cher ami. Vous ne derangerez dans cette maison personne que moi. Vous me prendrez ma chambre, mon temps , mes loi— sirs et mes occupations; mais vous etes bien assure que le plaisir de vous avoir pour hete est au-dessus de tout _ cela. _ _ I Il faut seulement vous consulter vous-meme, et voir. ' par exemple , si vous pouvez vous passer de valet de i chambre. Nous n’avons ici que des iilles fort laides; mais pour rien au monde nous ne voudrions leur donner en spectacle un domestique de Paris. Le seul aspect de l’oi— i sivete de ces dr01es·la est propre a corrompre la simpli- cite lahorieuse de tout uu pays. ? Il y a au bout de notre rue un perruquier qui sera it votre service; notre petite servante battra vos habits. Nous vivons avec abondance , et je suis d’ailleurs peu _ en peine de vous bien traiter a table. Je sais que rien n’est plus aisé, malgré vos pretentious a la gourmandise, que de vous faire prendre pour excellente une chere dé- testable. . . Vous aurez une chambre vaste ou il ne pleut pas, uu cabinet de proprete et une baignoire attenant; trente co- teaux autour cle la ville et toute la terre autour de vous. Vous serez seul tant qu’il vous plaira, et avec nous quand vous voudrez.