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_ 308 de vous. Son mal l’avait repris plus fortement qu'aupara— _ vant, en pleine joie, en plein appetit, en plein sommeil et au milieu des distractions les plus propres a le guerir, Tous ces hiens se sont soudainement evanouis sans cause, et une accablante tristesse, un abattcment insoutenable, auquel ni lui ni nous ne pouvions remedier ni suffire, le tourmentant chaque jour de plus en plus, nous l’avons force it recourir au grand remede. Il est parti et arrive avec son beau-pere, adroitement stimule par nous, et que l’amour qu’il a pour son gendre, la peur que nous lui avons faite de ses coliques anciennes, et la dignite d'un voyage aux eaux ont determine tout d’un coup a cette me- l morable expedition. Des que son temps de boire sera fini, mon frere lais— l sera le beau-pere a Moulins ou a Clermont, et ira com- parer la chaleur de ses bains avec celle des votres. Il a 4 rencontre a Vichy un M. de Chazal , possesseur d'un fort I joli chateau , entre Briare et Montargis, et ancien con- seiller au parlement. Ce M. de Chazal est unvieillard de i soixante-seize ans , gai , spirituel , et medecin bénévole ‘ de tout le genre humain. lla vécu moribond depuis Page de vingt ans jusqu’a celui de soixante , etudiant la me- E decine tous les jours de sa vie , et cherchant a se rendre anatomiste consomme. Il pretend que , pour vivre long- temps et se donner le temps de guerir, il ne s’agit que d’une chose , de se tenir en appétit , et que , pour se i tenir en appetit, il n’y a qu’un moyen infaillible, qui est de ne pas manger. Une cuilleree a cafe de miel, dans I un verre d’eau , tous les matins, avec une rotie de pain bien grillee , lui paralt un regime excellent. Un peu de vin de Bordeaux pris a jeun , avec du sirop de violette , ` est mis par lui_ au premier rang et a coté de la cuillerée _ Digiiized 'by Gccgle