Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/292

Cette page n’a pas encore été corrigée

sentir, pour chasser vos poltronneries; mais je n’ai qu°un moment a vous donner aujourd’hui , et je ne veux pas * dilférer de vous dire combien vous étes peu raisonnable . dans vos déliances. Le livre est fait, et, par consequent , z le moment critique est passé. ll réussira , parce qu’il est · de l’enchanteur. S°il y a laissé des gaucheries , c’est a vous que je m’en prendrai; mais vous m’avez paru si rassurée sur ee point, que je n’ai aucune inquiétude. Au surplus, ent-il cent mille défauts , il a tant de beautés qu’il réussira : voila mon mot. J’irai vous le dire incessamment. Si j’étais garcon, je serais deja pa1·ti.

Encore une quinzaine, et je pourrai vous gronder et vous regardcr tout a mon aise. Portez-vous mieux, je vous cn prie. l

xxvii.

Paris , 1er août 1801.

A madame de Beaumont, à Savigny.

J’envoie a M. de Chateaubriand la traduction italienne d’Atalaa Je vous prie de la lire; c’est un mot a mot qui vous fera le plus grand plaisir. Recommandez a l’auteur d’étre plus original que jamais, et de se montrer constamment ce que. Dieu l°a fait. Les étrangers , qui composent les —trois quarts et demi de l’Europe , ne trouveront que frappant ce que les habitudes de notre langue nous portent machinalement a croire bizarre, dans le premier moment. L’essentiel est d’étre naturel pour sui : on le parait bientot aux autres. Que chacun garde done avec soin les singularites qui lui sont propres , s’il en a de telles. On doit toute déférence .a la raison; on doit de la complaisance a Ia coutume; mais on en doit aussi a