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28I mais , parmi ses plaisirs , choisissez du moins les plus . grands. En vous livrant toujours ami seuls amusements de la pensée, vous perdez souveut ses délices. Pour moi, je suis en proie A ses épines. J’ai passé mon hiver A louiller les derniers recoins des autres de I l’érudition , en lisaut M. Dupuis. J’ai passé de lui aux X sciences. Je lis tous les physiciens; j’étudie les corps, et _ l ne réve que d’eux. ll me tarde d’etre quitte des opinions d’autrui , de oonnaitre ce qu’on a su , et de pouvoir étre ignorant en toute sureté de conscience. C’est un bonheifr que j’achete, que je paie , mais que j’aurai, si le principe unique veut me laisser tel que je suis, encore un peu de temps l En pénetrant dans ees puits et dans ces sciences, je nfapergois de plus en plus combien lcs ignorants ont na- { turellement de lumieres et de clartés , et combien nous ' désapprenons par Finstruction et par l’étude , faute d’etre bien dirigés. Portez-vous bien , je vous en conjure. Quittez Paris , s°il vous fait du mal; restez-y, s’il vous fait du bien , et parlez-moi beaucoup de vous , de lui et de Bonaparte, A qui j’ai permis de me séduire. Je l‘aime toujours. XXV. Villeneuve—sur-Yonne , iv décembre 1800. A madame de Beaumont. Si vous arrivez jeudi , je pourrai vous aller voir ven- dredi ou samedi , car je suis abonné avec une cariole· du pays, qui me roue, quand il me plait. Je m’y suis en- rhumé avant—hier, et aucuuc toux , A dix lieues A la ron- de, ue peut se comparer avec celle que j’avais hier. Je _ ' Digiiizeu by Gccgle