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Je vous supplie de nous ecrire plus souvent, et d’etre persuadee qu’en cela vous avez a craiudre notre appetit plus que notre satiete. ll y a Fencore de la faim, Pencore du desir, Fencore aspiratil`, fencorc des enfants; Wer- ther en parle ; c’est celui-la quenous disons toujours, apres avoir lu vos lettres, et jamais l’autre : il n’est pas fait pour vous.

XXIV.

Montignac , 2 mai 1800.

A madame de Beaumont, d Paris.

J’ai ri, mais je ne me suis point moque, lorsque vous ufavez dit que a la devotion de La Harpe etait un tour que ii le diable jouaita Dieu. »

Mais que direz·vous de celle de M. de la Vauguyon , que je viens d’apprendre par les gazettes? Pour moi, je la . regarde comme la plus violeute persecution qui ait jamais ae suscitee contre l’eglise, dans votre esprit et dans le mieu.

Je ne sais pas trop bien pourquoi vous n’aimez pas Lalande, ni pourquoi j’aiuie un peu Mercier-. Je ne connais rien de leurs querelles; mais ce dernier me paralt aussi pardonnable, lorsqu’il veut détroner Newton, que Iorqu’il sauta sur Descartes. ll est vrai qu’en oe dernier oas, il troublait la paix de l’ecole , ce qui etait un mal ; mais ce n’etait pas une bétise.

Je veux vous raconter un fait. Un Anglais, ne aveugle, et qui le fut toute sa vie (il se nommait Saunderson , Diderot vous en a parle), a amine des lecons d’optique, pendant trente ou trente-cinq ans, dans l’universite d’Oxford, et il etait sans contredit un des plus savants newtoniens