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hommes, et l’ont fait pour les gouverner. Mais je n'attendrai rien de bon de son pouvoir ni de sa capacité, tant ` o qu’il sera assez sot pour croire que Sieyes meme a plus d’esprit que lui. Cet homme a, dans la téte, une grandeur réelle qu’il applique a tout ce qui se trouve avoir, autour de lui , une grandeur de circonstance. Il confond les individus avec les essences; il prend l’Institut pour les sciences, les écrivains pour des savants, et les savants pour de grands hommes. Son esprit vaste porte en soi les erreurs et les vérités d’un siecle qu’il admire trop. Sa raison le détrompera avec le temps; mais, en attendant, ses préjugés régleront sa conduite en beaucoup do points es- sentials, et ses conseillers épaissiront ses préjugés. Quel dommage qu’il soit si jeune , ou qu’il ait eu de mauvais l maltresl Il laissera, je crois, dans les tétes humaines, une haute opinion de lui; mais s’il vit pen , il ne laissera rien de durable , ni qui soit digne de durer.

Voila ce que je pense sur un homme et des changements qui occupent certainement beaucoup votre attention , comme ils ont occupé la mienne. Je n`ai partagé ni vos ravissements , ni ceux de mon frere; mais j’ai pris a tout un intérét aussi vif que celui que vous avez pu ressentir. J’ai pen espéré pour l’avenir; mais j’ai joui avec délices de ce moment de liberté, dont tousles partis, tous les hommes, se sont sentis tout a coup en possession, et dont presque tous ont use. J’en fais usage a mon tour, dans ce pen de politique, dont j’ai cru devoir le tribut a la confiance qui regne entre nous, et a celle que je prends een la moderation d’un gouvernement digne de plus d’estime que tous ceux qui l’ont précédé, mais non _pas digne de louanges. Un homme eu pu en mériter; mais tant · n`en mériteront point. S’il N; avail , sous le chapeau de