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ii 264 coté de Sens. Je vous reeommande aussi a ces trumeaux ou se mirent toutes vos herbes. M. Shandy vante beau- coup les pieces d’eau; il prétcnd qu’il sort de leur sein une vertu consolat1·ice. Puisse votre ame étrc imbibée d’une si divine vapeurl Je sais tres—mauvais gré a ceux dont la soeieté vous a dégoutée de Ia solitude, et, s’ils s’en font un compliment, moi je leur en fais une injure. Mais pourquoi aller vivre aussi avec ces esprits remnants? lls out pour téte un tour- billon qui court apres tous les uuages. lls veulent brider tous les vents dont ils ne sont que le jouet. Leur tour- noiement vous a gatée; mais vous vous raceommodcrez. Je ne crois pas que rien au monde soit plus eunemi du bonheur , ainsi que de toute sagesse, que les passions de l'esprit , quand on les éprouve a mute heure. Celles du sang sont plus sensées; car, remarquez , je vous prie, que les premieres ne peuvent étre satisfaites ni tous les jours , ni tous les mois, ni tous les ans, ni quelquefois I tous les vingt ans. Or, y a-·t-il rien de plus maladroit et de plus propre a tourmenter, que de retenir dans son sein , et d’alimenter en soi-méme, a tous les instants de la vie-, des desirs sans possession et des voracltés sans proie? La passion méme du bien public serait en ee moment une folie. Le monde est livré au basard. Ceux qui preten- dent Parréter, en jetant a ses vagues le gravier et lc sa- ble fin des petites combinaisons, sont ignorants de tou- tes choses. Je leur préfere de bien loin eelui qui, sans prétention , s’amuse , a ses heures perdues , a faire des ` ronds dans son puits. Il se croit du moins inutile. Les autres se croient importants , et Dieu sait tout ce qu‘i|s perdent de temps, de raison, de mérite, pour le devenir Digitized by Gccgle