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d’admettre et de recevoir la pureté du trait et la perfection du coloris.

Dans les peintures de la nature morale, ce que l’artiste doit le plus craindre, c’est l’exagération, comme, dans les peintures de la nature physique, ce qu’il a le plus à redouter, c’est la faiblesse.

Un crucifiement devrait à la fois représenter la mort d’un homme et la vie d’un dieu.

Le peintre, en y offrant aux yeux un corps destiné à la sépulture, devrait cependant y faire entrevoir le principe et le germe d’une résurrection surnaturelle et prochaine. S’il choisit pour sujet de son tableau, le moment des douleurs du supplice, il faut qu’il peigne dans la victime un dieu qui éprouve comment l’homme souffre. L’impression de la divinité et de la béatitude doit se mêler à tous les caractères de la souffrance et de la mort.

L’esprit humain doit à la religion ce qu’il y a de plus élémentaire et de plus pur dans