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237 comme le moment du depart pour un voyage sans re- tour, voyage que nous ferons un jour nous-memes, sans donte pour nous réunir dans des regions invisibles , on n’a rien oublié de ce qui était propre a en faire un objet d’horreur. On nous l’a fait considérer comme uu chati- _ ment , comme le coup porté par nn exécuteur tout puis- sant , comme un supplice , enfin; et nos amis, nos pro- ches, quand nous avons cessé de vivre , quittent notre lit de repos comme ils quitteraient Péchafaud ou l’on nous aurait mis a mort. Elevez-vous , je vous en conjure , au-dessus de ces sentiments vulgires. Vous en étes digne , et vous en avez hesoin; vous en étes meme plus capable que vous ne pensez , car votre douleur, en ce moment, calomnie votre raison. En attendantque celle-ci prenne le dessus , agréez les assurances de l’estime d’un homme qui ne pourra jamais vous oublier, et qui sent plus vivement tout ce que vous valez , depuis qu’il y a sur la terre moins de coeurs pour vous aimer. IV. Montignac , le i•* mai 1793. A mademoiselle Moreau dc Bussy. Je suis, bélas! et j’en gémis, votre ami le plus an- cien , lorsque tant d’autres ne sont plus; c’est du fond de mon cozur que ce titre vient se placer sous ma plume. Songez que vous m’étes chere a bien des titres; j’ai réuni sur vous tous les sentiments que m’inspirait la société dont vous viviez entourée. J' aime en vous , et vous , et votre frere, et votre amie , et ce pays qui m’a tant plu, Dagmzod by Gccgle