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i i 232 ° sentir la rende contente d’el}e—méme.. Elle l’est , par la perfection de cette sensibitité qui, bien apprise et bien menée , sait extraire du miel de tout. It y en a jusque dans les peines. Mais vous craignez , dites·vous , en aeceptant des con- solations , d’outrager et de blesser les clwrcs ombrcs , les amines sacrés de vos amis. Il y a la une exagération de sentiment et de langage que je ne saurais ménager. I Aucune affection honnéte ne peut biesser des étres ' bons. Si= , dans notre imperfection terrestre, nous éprou- _ vous des jalousies , elles cessent et se déposent avec le l-imon qui environne notre nature. Au-dela de cette vie , . tout est elerté , tout est bonté. Eh! sur cette ’terre_ me- _ me , on ne trouverait pas d’ame grande qu’un sentiment { deux put blesser, si, dans Peuveloppe grossiere ou nos i cuzurs sont cachés , et dans Yaveuglement ou nous tient notre orgueil, nous ne supposions pas que les amours. , dont d’autres que nous sont Pobjet, donnent une exclu-— sion humiliante aux amours qu’on avait pour nous , et » que toujours on nous ote ce qu’on accorde , on nous ebasse quand on admet, on nous dépouille s’il y a par- tage. Nous voulons etre aimés seuls , de peur de n’étre point aimés. Mais les intelligences cétestes sentent bien ditférem- ment. Flattées uniquement de la partie spirituelle et pure de nos sentiments , elles nous permettent de disposer de tout le reste. Il y a , dans nos alfections , une partie bui- Ieuse et grasse , si je puis dire, qui resseinble a la fumée- de nos tlambeaux ; ceIle—l¤a est pour les vivants. Il en est une autre subtile, excellente et celeste, qui peut étre com- parée a la lumiere, a la tlamme, et qu’on garde en la communiquant : eetle-la est pour les amis que vous avez