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234 trainte et le néant, Fame devient aride comme une plante _ sans rosee. Mele: , je vous cn supplie , quelques sensa- tions a vos sentiments; aimez quelques odeurs , quel- ques couleurs , quelques sons et quelques saveurs , ou vous ne sera point asses sage. Le ciel a fait des biens { divers. Il en a creé pour Fame; il eu a eréé pour le * corps. Oseriez-vous n’accepter que la moitie des dons I que sa main vous olfre , dédaiguer et rcjeter l’autre Y i Certes, vous en serie: punie. Pour moi , s’il m’ezt permis dc me eiter eu exemple, je rernplis de mon mieux , dans toutes les circonstances , Fobligatiou d’étre heureux. Je le suis toujours autant que je le puis, et quaud je le suis peu , je dis a Dieu : ° •= Vous le voyez , Seigneur , je ne puis faire davantagel ¤ Pardonnez a mon infirmité et au cours des évéue- _ • ments. » Je ne pretends litre inseusible , en effet , h aucun des accidents de la vie , et je serais meme bien Echo de l'•`etre. Mais , dans la multitude iniinie de manieres dont nous pouvons etre adectés , il n’est pas un de ces évé-i ncmeuls, heureux ou tristes , qui ne soit capable de pro- duire eu nous un sentiment sublime et beau. C’est ce i sentiment que je cherche. J e passe rapidement par tous les autres , pour ne m‘arreter qu’a lui. Lorsque mon Ame i a pu y parvenir , elle s’y tieut, et pour teujours. Me: douleurs ainsi que mes joies sont éternelles. Pen éprouve chaque jour qui durent depuis mon berceau. Mais ces douleurs pures valent de la joie , et je sais , par mon propre exemple , que l’afiliction meme n’est pas ennemie du bonbeur , c’est-a·dire , de Petal ou Fame goute en soi une eonstante satisfaction. Il importe peu qu’elle soit conteute des événements, pourvu que sa mauiere de les Digiiizeu by Gccgle