VI.
SUR QUELQUES ROMANS DU TEMPS.
Dans les romans, vus du côté de l’art, il s’agit d’une flamme à peindre, et l’on y peint un brasier. Réaliser, en effet, les destinées que ces dames imaginent, ce serait jeter une vie en enfer.
Pour être beau et pour intéresser, il faut que le malheur vienne du ciel, ou que du moins il tombe de haut. Ici, il frappe d’en bas et de trop près : les malheureux l’ont dans le sang.
La tragédie a ses malheurs ; mais ils sont finement tissus ; ils sont d’un autre temps, d’un autre monde, ils ont peu de poids, peu de corps, et ne durent qu’un moment ; ils intéressent. Ici, le malheur est présent ; il est durable ; il est de fer, et grossièrement fabriqué ; il fait horreur.
On aime assez les catastrophes ; mais on n’aime pas les supplices. Or, on ne nous donne là que les martyrs de l’amour, les uns étendus sur le chevalet de l’attente, d’autres déchirés de remords, tous avec une passion qui leur