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XXXV.

Il y a dans le monde une femme d’une âme vaste et d’un esprit supérieur..... Madame de Staël était née pour exceller dans la morale ; mais son imagination a été séduite par quelque chose qui est plus brillant que les vrais biens : l’éclat de la flamme et des feux l’a égarée. Elle a pris les fièvres de l’âme pour ses facultés, l’ivresse pour une puissance, et nos écarts pour un progrès. Les passions sont devenues à ses yeux une espèce de dignité et de gloire. Elle a voulu les peindre comme ce qu’il y a de plus beau, et, prenant leur énormité pour leur grandeur, elle a fait un roman difforme.

XXXVI.

* Il y a, dans la Corinne de madame de Staël, un besoin de philosopher qui gâte tout.