faire tous ses ouvrages. Ses tragédies mêmes ne sont que la satire de quelque opinion.
Mépriser et décrier, comme Voltaire, les temps dont on parle, c’est ôter tout intérêt à l’histoire qu’on écrit.
Voltaire est l’esprit le plus débauché, et, ce qu’il y a de pire, c’est qu’on se débauche avec lui. La sagesse, en contraignant son humeur, lui aurait incontestablement ôté la moitié de son esprit. Sa verve avait besoin de licence pour circuler en liberté. Et cependant jamais homme n’eut l’âme moins indépendante.
Triste condition, alternative déplorable, de n’être, en observant les bienséances, qu’un écrivain élégant et utile, ou d’être, en ne respectant rien, un auteur charmant et funeste ! Ceux qui le lisent tous les jours s’imposent à eux-mêmes, et d’une invincible manière, la nécessité de l’aimer. Mais ceux qui, ne le lisant plus, observent de haut les influences que son esprit a répandues, se font un acte d’équité, une obligation rigoureuse et un devoir de le haïr.