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Dans Montesquieu il y a des idées, mais il n’y a pas de sentiments politiques. Tous ses ouvrages ne sont que des considérations. C’est par les sentiments politiques cependant que les états ont une âme et de la vie. Hors de là, les empires n’ont qu’un mouvement dont le ressort n’est pas en eux.

La tête de Montesquieu est un instrument dont toutes les cordes sont d’accord, mais qui est trop monté et rend des sons trop aigus.

Quoiqu’il n’exécute rien contre les règles, il a, dans ses vibrations trop continues et trop précipitées, quelque chose d’au-delà de toutes les clefs d’une belle et sage musique.

Montesquieu fut une belle tête sans prudence.

Il sort perpétuellement de l’esprit de Montesquieu, des étincelles qui éblouissent, qui réjouissent, qui échauffent même, mais qui