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Plein de belles pensées et de belles raisons, Balzac habite constamment les hautes régions de la pensée et de la langue. Grand artisan de la parole, il introduisit la pompe et les hauteurs du style noble dans le style familier ; ses phrases ont presque toujours un beau son et un beau sens ; mais il a raison trop magnifiquement, et ne sait pas assez se jouer de ses grands mots.

Ce qui a manqué à Balzac, c’est de savoir mêler les petits mots avec les grands. Tout, dans son style, est construit en blocs ; mais tout y est de marbre, et d’un marbre lié, poli, éclatant.

L’emphase de Balzac n’est qu’un jeu, car il n’en est jamais la dupe. Ceux qui le censurent avec amertume et gravité, sont des gens qui n’entendent pas la plaisanterie sérieuse, et qui ne savent pas distinguer l’hyperbole de l’exagération, l’emphase de l’enflure, la rhétorique d’un homme de la sincérité