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un caractère plus contemplatif qu’animé. Platon peut-être n’en aurait pas fait peu de cas, lui qui estimait tant Isocrate.

Balzac, un de nos plus grands écrivains, et le premier entre les bons, si l’on consulte l’ordre des temps, est utile à lire, à méditer, et excellent à admirer ; il est également propre à instruire et à former, par ses défauts et par ses qualités. Souvent il dépasse le but ; mais il y conduit : il ne tient qu’au lecteur de s’y arrêter, quoique l’auteur aille au-delà.

Balzac ne sait pas rire ; mais il est beau, quand il est sérieux.

Les beaux mots ont une forme, un son, une couleur et une transparence qui en font le lieu convenable où il faut placer les belles pensées, pour les rendre visibles aux hommes.

Ainsi leur existence est un grand bien, et leur multitude un trésor ; or, Balzac en est plein : lisez donc Balzac.